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EURO 2018 – REINES EN LEUR ROYAUME !

Une grande maîtrise, de la sérénité. L’équipe de France est désormais sacrée reine d’Europe, chez elle, face à la Russie, dans un Bercy en totale fusion (24-21, FM). L’histoire est belle et les Bleues peuvent désormais savourer après avoir réussi un doublé historique.

« Je n’ai pas de mots… Une fois que ça s’est terminé, je me suis assise sur le banc et je me suis dit : “merde, mais on l’a vraiment fait !”. Je suis tellement fière de cette équipe. Faire championne du monde – championne d’Europe, on rentre dans l’Histoire ! ». L’histoire ne pouvait pas être autre, les mots d’Amandine Leynaud en témoignent. Les Françaises qui décrochent leur premier titre européen, chez elles, devant leur public, plus fou que jamais. Surtout quand il a fallu pousser après le carton rouge d’Allison Pineau (16-13, 35e). Fait de jeu incroyable, qui a fait hurler Bercy. Hurler face à l’injustice ressentie sur le moment. Moment où l’arrière des Bleues, qui revenait devant Anna Seydokina pour la troisième fois pour y tirer un jet de 7 mètres et donner trois longueurs d’avance aux siennes. Un ballon qui passe un peu trop près des oreilles de la gardienne russe, tombant au sol, sans non plus se tordre de douleur. Incompréhension, le but est validé, Allison expulsée, en pleurs, soutenue par le peuple de Bercy et ses coéquipières qui étaient toutes tournées vers elles au moment de la validation du but. « Je suis émue et tellement frustrée… J’espère que les arbitres vont s’excuser, après avoir revu l’action. Elles m’ont volé quelque chose, devant ma famille, mes proches, dans ma ville… » explique l’arrière des Bleues.

Un pénalty qui venait d’être obtenu par Orlane Kanor, plus souvent vue dans le rôle d’artilleuse de loin plutôt que dans le duel. Marquant une très bonne entrée de la jeune Messine qui nous avoue vivre « un truc de ouf ! ». Ouf, c’était bien le mot quand les Françaises ont compris qu’elles n’avaient plus le choix de décevoir ce public, à qui elles avaient tant demandé depuis vendredi et qui leur a répondu de la plus belle des manières.

La défense était déjà très puissante et assez imperméable, mais elle était alors devenue infranchissable. Un mur bleu dressé devant les Russes qui subissaient une pression folle de la part des 14 060 personnes massées autour de ce terrain. Cette pression, qui poussait Béatrice Edwige à provoquer le passage en force de celle qui a été élue MVP du tournoi, Anna Vyakhireva, se retournant directement vers l’espace réservé aux joueuses, où était Allison Pineau.

Les Russes qui avaient piétiné tout le monde lorsqu’elles voulaient gagner les matchs, revenaient, sans pour autant que la sérénité affichée par les Françaises ne quitte le Palais des Sports. Même quand Dmitrieva remettait les siennes à un but (17-16, 41’). La défense était toujours en place pour perturber les Russes, inhabituellement maladroites (11 ballons perdus au total). Même si le génie gaucher de l’équipe, Ana Vyakhireva portait toujours son équipe, sa puissance et son champ d’action étaient nettement réduits. Systématiquement, une joueuse lui montait dessus, si elle était passée, une autre arrivait. Un vrai rideau articulé, dont les rouages fonctionnaient parfaitement, même sans l’une de ses pièces maîtresses (Allison Pineau). Une articulation qui dépassait le 40 par 20 et remontait au plus de haut de Bercy, qui fonctionnait en harmonie avec son équipe. « Le public a été énorme, dès l’entrée à l’échauffement… Ils ont explosé de joie, ils ont déstabilisé l’adversaire, ce qui est rare en France. On allait tous dans la même direction » avoue Grace Zaadi, qui encore une fois a mené ses coéquipières, en chef d’orchestre. La paire de gardiennes assurait le reste du spectacle. Le ballon devenu lourd arrivait sur quelques inattentions tricolores, à quitter les mains des Russes. Laura Glauser, entrée vingt minutes, offrait au public parisien le deuxième pastis de la soirée, arrivé à point nommé (17-14, 39’), pour continuer de faire monter la température qui avait atteint des sommets.

L’histoire n’aurait pas pu être aussi belle, si tout le monde n’avait pas pu participer à la fête. Comme il l’avait fait l’an passé, Olivier Krumbholz a fait croquer une part de ce délicieux gâteau à toutes ses joueuses. De Pauletta Foppa entrée en première période sur une action pour suppléer Béatrice Edwige à Astride N’gouan qui a livré une prestation prodigieuse. Deux pénaltys arrachés, un but et tout ça à peine entrée en jeu.  « Beaucoup d’entrées ont été déterminantes : Amandine qui sort le ballon du match, Astride qui a été précieuse en attaque. C’est une grande satisfaction et une émotion exceptionnelle. Je savais que le public allait nous porter, mais à ce point là… » reconnait Olivier Krumbholz.

 

L’HISTOIRE ÉTAIT ÉCRITE

Rien ne pouvait arriver, c’était écrit, les Bleues devaient aller chercher ce titre européen si importantC’est exceptionnel… Ma première finale, c’était tellement d’émotions. Notre défense a été d’enfer. Le rouge d’Allison nous a galvanisé. Les Russes ont pris très cher en deuxième période, il n’y avait plus aucun but facile pour elles. Quand j’ai vu le public crier de rage, on s’est dit “wow, là, cette finale on va aller la chercher même si on se met la tête par terre” réalise Pauline Coatanéa, drapeau breton en mains qui avait du mal à prendre la mesure de l’exploit réalisé par cette bande de copines.

 

Important parce que c’était le premier Euro organisé en France, leur première finale européenne, elle valide un ticket pour les Jeux de Tokyo en 2020, mais surtout parce que ça pourrait être la dernière compétition internationale d’une génération, qui avait connu 2007 et dix ans plus tard, toujours là pour porter ce collectif si riche, qui a réalisé un doublé historique. « Des défaites, des déceptions, j’en ai connu avec l’équipe de France… J’ai l’impression que ces dernières années, on a eu une démarche intelligente et collective pour arriver au top niveau. Là, ça a marché » explique Siraba Dembélé.

Et toutes celles dont le CV n’est plus à présenter ont la même réponse lorsqu’on leur pose la question. « Je ne sais pas, ça dépendra de plusieurs choses, de comment mon corps répond et si le sélectionneur veut encore de moi » souffle la capitaine des Bleues  le regard chargé d’émotion.

L’histoire est donc bien écrite, l’équipe de France à qui on a parlé de cet Euro depuis Hambourg, a su prendre la mesure de l’événement, avec toute la pression que cela lui a apportée. « Ce titre, c’est la concrétisation d’une année à ne parler que de cet Euro. J’avais l’impression d’être actrice et de faire la promo d’un film que je n’avais même pas encore tourné ! Là, je suis contente que le film soit cool ! J’espère que TF1 a pété ses records » avoue Manon Houette. Que ce soit dans la préparation, mais aussi au cours de la compétition, avec un réel engouement autour de cette équipe qui a su garder son calme et sa sérénité dans les moments difficiles, à l’image de cette finale. Se reprendre après la première défaite, franchir non pas une marche mais un escalier entre les deux premiers matchs. « On a énormément travaillé, mais le boulot de Seb, des vidéomans… Tout le monde a tellement travaillé. J’ai eu l’impression que les joueuses faisaient autant de vidéos que les gardiennes ! On est toutes rincées, vraiment » explique Amandine Leynaud. Un escalier qui a montré que cette équipe avait une ressource rare à ce niveau, peut-être le collectif le plus riche, capable d’être dangereux dans tous les secteurs de jeu mais surtout sur toutes ses rotations, qui maintiennent un niveau de jeu impressionnant et la pression sur son adversaire quelle que soit le 7 en place. Le résultat d’un travail acharné, avec un staff qui s’est étoffé, qui a su exploiter les qualités de ses joueuses. Après toute cette attention et le travail fourni avant et au cours de ces trois semaines, il ne reste plus qu’à savourer à cette génération dorée, qui en deux ans, a su renverser deux immenses sommets du handball féminin, la Norvège à Hambourg et désormais la Russie, qui l’avait privée de l’or olympique à Rio en 2016.

 

STATISTIQUES :
À Paris, AccorHotels Aréna (14060 spectateurs) : RUSSIE – FRANCE : 21-24 (12-13)
Arbitres : Karina Christiansen et Line Hessendhal Hessen (Dan)

FRANCE
Entraîneur :
 Olivier Krumbholz
Gardiennes : Glauser (21’, 4 arrêts) et Leynaud (37’, 8 arrêts) – Joueuses : Glauser – Coatanea (1/1) – Ayglon-Saurina (2/2) – Pineau (2/3 dt 2/3) – N’Gouan – Zaadi – Leynaud – Houette (2/2) – Dembélé-Pavlovic (c) (0/2) – Flippes (0/3) – Kanor (2/4) – Edwige (2/2) – Foppa – Niombla (1/2) – Nze-Minko (4/6) – Lacrabère (6/10 dt 2/4)- Exclusions temporaires : Pineau – Zaadi – Carton rouge : Pineau

RUSSIE
Entraîneur : Evgueni Trefilov
Gardiennes :
 Sedoykina (60’, 10 arrêts) et Trusova – Joueuses : Sedoykina – Kuznetsova (2/4) – Kochetova (0/3) – Dmitrieva (5/8) – Vyakhireva (7/11 dt 5/5) – Sudakova (0/1) – Samokhina (1/2) – Makeeva (1/1) – Malashenko  – Managarova (1/1) – Skorobogatchenko – Trusova – Petrova (1/1) – Frolova – Snopova – Sen – Exclusions temporaires : Dmitrieva – Samokhina – Petrova

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DROS Quentin

Staff (SF1 - 15)